C’est un fait, les voitures électriques rencontrent un succès grandissant au fil des années. En cause, les différentes politiques publiques visant à inciter les automobilistes à délaisser les véhicules thermiques ainsi que le choix grandissant sur le marché. Sans parler des innovations et autres développements, qui permettent d’augmenter l’autonomie et de réduire le temps passé à la borne. De plus, les solutions de recharge sont de plus en plus nombreuses, avec un réseau qui ne cesse de s’étoffer, même en France.
Une forte demande
Chez nous, les ventes de voitures électriques ont même dépassé celles des diesel depuis la rentrée 2022. Preuve s’il en fallait que cette motorisation séduit de plus en plus, malgré quelques freins comme l’autonomie et le prix. Ainsi, elle atteint aujourd’hui 13 % de parts de marché. Et la demande devrait s’accroître au cours des prochaines années, alors que l’Union européenne prévoit d’interdire la vente de véhicules thermiques à partir de 2035.
Rien qu’en Allemagne, ce ne sont alors pas moins de 15 millions de voitures 100 % électriques qui devraient être sur les routes d’ici à 2030, selon les prévisions du ministère fédéral des transports. L’article publié par le Frankfurter Allgemeine Zeitung évoquait un nombre de seulement un million à la fin de l’année 2022. Mais pour assurer cette progression, il va falloir avoir assez de ressources afin de fabriquer toutes ces voitures. À titre de comparaison, en France, au 31 décembre 2022, on trouvait 1,1 million de voitures électrifiées (690 000 voitures électriques et 410 000 hybrides rechargeables).
Et c’est là que tout se complique. En effet, après la pénurie de semi-conducteurs, l’industrie automobile pourrait devoir faire face à une pénurie de batteries. Et plus particulièrement de matériaux, alors que le gouvernement allemand tire la sonnette d’alarme, quelques jour seulement après une prise de position similaire de Toyota, qui ne croit guère en la voiture électrique.
Selon les estimations allemandes, il faudra alors 90 000 tonnes de lithium et 120 000 tonnes de cobalt pour atteindre cet objectif de 15 millions de voitures. Un chiffre qui n’est pas si alarmant au premier abord, alors que la production annuelle est respectivement de 105 000 et 165 000 tonnes.
Sauf que celle-ci concerne le monde entier. Or, selon les l’Agence Internationale de l’Énergie (IAE), ce ne sont pas moins de 130 millions de voitures électriques qui seront sur les routes aux quatre coins du globe d’ici à 2030. Et là, ça change tout. Car en 2022, c’est déjà 46 % de la production de lithium et 39 % du cobalt qui sont utilisés rien que pour l’industrie automobile. Des chiffres qui passeront respectivement à 157 et 133 % au cours des huit prochaines années.
Un autre problème se pose également : l’extraction. Car si les voitures électriques sont souvent décrites comme « propres » et « zéro-émission », c’est loin d’être le cas. Car 63 % du lithium vient de Chine, où les conditions d’extraction sont à la fois polluantes et loin d’être éthiques. Ce n’est pas mieux pour le cobalt, puisque 73 % de la production totale vient du Congo, où seulement la moitié des mines sont certifiées comme ayant « au moins une sécurité professionnelle de base« .
Quelles solutions ?
Ainsi, le monde entier dépend donc de ces deux pays pour pouvoir produire et vendre des voitures électriques. Mais risque-t-on une pénurie ? Pour l’heure, la situation est encore très floue pour tout le monde, y compris les spécialistes. Néanmoins, il existe des solutions pour limiter les dégâts. Tout d’abord, de plus en plus de constructeurs font le choix de batteries plus petites, comme Renault ainsi que Ford, comme l’a récemment annoncé son patron, Jim Farley, relayé par le site Green Car Report.
Cette solution permet de limiter l’usage de matériaux mais également de réduire les coûts et donc d’augmenter les profits pour les marques. Elle est alors rendue possible par la charge plus rapide, qui permet de compenser l’autonomie un peu plus faible. D’ailleurs, les grandes batteries ne sont pas forcément les plus vertueuses non plus, faisant inévitablement grimper le poids.
Par ailleurs, il ne faut pas non plus négliger le recyclage des batteries, alors que certaines marques, comme Tesla, qui atteint un taux de 92 %, sont déjà spécialistes dans le domaine. Volkswagen vise de son côté 99 % de recyclage au cours des prochaines années, afin de réduire la demande en lithium à travers le monde. Et il faut également savoir qu’il existe encore de nombreux gisements qui n’ont pas encore été exploités, qu’ils soient sous forme de mines ou de saumures géothermales. Nous sommes encore loin d’avoir épuisé toutes les ressources dans le monde. Par ailleurs, nous pourrions donc bientôt rouler avec des voitures utilisant du lithium allemand ou français, réduisant notre dépendance à la Chine.
Enfin, de nombreuses entreprises, dont CATL travaillent au développement de batteries au sodium, qui n’utilisent alors pas du tout de lithium. Les premières devraient être installées sur des véhicules à partir de la fin de l’année, sans doute sur des modèles BYD bien que la firme ait démenti ces rumeurs. Cette technologie, qui présente toutefois une densité moindre par rapport aux accumulateurs classique permettra toutefois de patienter avant l’arrivée des batteries solides. Celle-ci sont plus denses et peuvent donc stocker plus d’énergie, offrant plus d’autonomie malgré une taille réduite.
Concernant le cobalt, il existe déjà des chimies de batteries au lithium qui n’en utilise pas. C’est par exemple le cas des batteries LFP, que l’on trouve dans la Model Y Propulsion et dans de nombreuses voitures électriques. Elle n’intègre pas du tout de cobalt, contrairement aux batteries lithium NMC et NCA.
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