La pénurie de puces ne durera pas estime cette analyste à contre-courant

Bientôt un trop-plein de puces ?

 
Alors que la pénurie globale de composants ralentit tout le marché de la Tech, et que certaines grandes figures de l’industrie laissent entendre que la situation va durer, l’agence de notation Moody’s va dans le sens opposé. Son argument ? Les investissements consentis par les États sont tels que les pénuries de semi-conducteurs seront vite de l’histoire ancienne.
Et si les pénuries de semi-conducteurs n’étaient finalement que très temporaires ? Lillian Li, vice-présidente du cabinet Moody’s, y croit // Source : Laura Ockel – Unsplash

Déclenchée entre autres par la forte demande liée à la crise sanitaire, la pénurie de semi-conducteurs embourbe l’industrie de la Tech, mais aussi certains secteurs comme l’automobile, dans une crise d’approvisionnement majeure depuis près d’un an. Une situation délicate qui pourrait durer plusieurs années encore, estimait récemment le nouveau patron d’Intel, Pat Gelsinger. Et pourtant, la vice-présidente de la célèbre agence de notation financière Moody’s, Lillian Li, met en évidence les stratégies et les investissements menés ces derniers mois par les grandes puissances économiques, notamment pour rapatrier à une échelle domestique une part de la production. Ce contexte politique et économique pourrait s’avérer salvateur.

« Toutes les économies avancées du monde, y compris les États-Unis, l’Union européenne, la Corée du Sud et la Chine, ont établi des stratégies pour augmenter la capacité de l’industrie domestique des semi-conducteurs », a-t-elle indiqué. D’après le magazine Fortune, ces investissements pourraient même conduire, in fine, à une surabondance de puces si la demande venait par la suite à baisser… avec les effets négatifs que cela pourrait induire.

L’industrie pourrait passer de la diète à l’opulence

« Ces investissements majeurs pourraient entraîner une surcapacité et une répartition inefficace des allocations », a ajouté Lillian Li, qui va cette fois dans le sens d’autres analystes qui avertissaient récemment que le risque d’une surproduction n’était pas à écarter. Une situation inverse qui pourrait « nuire à l’économie », assure-t-elle, notamment du point de vue des sous-traitants. Lorsque la demande aura diminué, ces derniers seront en effet contraints de faire tourner leurs lignes de production en dessous de leur capacité, explique Fortune.

Pour rappel, les États-Unis ont récemment mis en route un projet de loi qui permettrait d’accorder jusqu’à 52 milliards de dollars d’incitations pour renforcer l’industrie des semi-conducteurs sur le sol américain. Même démarche en Corée, où le gouvernement souhaite poser sur la table 450 milliards de dollars au cours des dix prochaines années pour raffermir sa production de puce. La Chine suit elle aussi une voie similaire, mais cette fois pour des raisons géopolitiques plus marquées, notamment au travers de sa fonderie SMIC, soutenue financièrement par Pékin.


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