Une ascension fulgurante. Environ un an et demi après son lancement – ponctué par une levée de fonds de 5 millions d’euros –, Upway s’impose déjà comme un leader assumé et assuré des vélos électriques reconditionnés. Aujourd’hui, cette start-up cofondée par Toussaint Wattinne et Stéphane Ficaja (deux anciens d’Uber) est implantée dans quatre pays d’Europe, et plus récemment aux États-Unis, à Brooklyn.
Nous avons également pu visiter leurs entrepôts pour suivre le processus de reconditionnement d’un vélo électrique dans un autre article.
Pour aller plus loin
Comment reconditionne-t-on un vélo électrique ? Plongée dans les coulisses de cet entrepôt XXL
Des réductions de 30 % en moyenne
Naturellement, la France a été la première cible visée, suivie des principaux marchés européens : les Pays-Bas, l’Allemagne et la Belgique, où les VAE occupent une place de choix dans le paysage des transports et la culture du pays.
Il suffit de jeter un œil aux parts de marché des vélos électriques dans chacune de ces trois nations : 57 %, 48 % et 47,1 %, respectivement, en 2022. Historiquement, ce trio est en avance sur la France et beaucoup d’autres marchés du Vieux Continent.
« Ce sont des marchés plus gros, et donc plus dynamiques. L’Allemagne a été notre meilleur lancement en Europe », nous explique Toussaint Wattinne. « Dans ces pays, il n’y avait pas d’offre équivalente, ou alors à plus petite échelle, parfois régionale. Upway a un plus gros volume d’activité », expose l’intéressé, qui dresse ici un état des lieux du secteur.
« Dans chaque pays, les clients apprécient trois principales choses : le choix, avec plus de 200 marques à la vente, pour tous les usages et les gammes de prix ; le tarif, avec des réductions d’en moyenne 30 %, pouvant même aller jusqu’à plusieurs milliers d’euros ; et enfin la tranquillité d’esprit qu’on garantit », énumère Toussaint Wattinne.
Trois sources d’approvisionnement
Une recette magique bien rodée, que ce dernier nous explique en détail et en toute transparence. Upway repose sur une idée simple : racheter des vélos électriques déjà utilisés, les reconditionner et les revendre à un prix avantageux. Tout en s’octroyant une marge sur l’ensemble du processus, de toute évidence. Un système de filtres bien huilé permet ensuite d’affiner vos recherches très facilement sur son site internet.
Au total, la marque s’appuie sur trois sources d’approvisionnement. « Nous travaillons avec plus de 600 boutiques partenaires, à qui l’on propose une solution de reprise. Ils proposent à leur client de racheter leur VAE. Upway paye la boutique dès que le vélo est réceptionné. Ce système fonctionne très bien, cela correspond même à la moitié de nos achats », nous avoue Toussaint.
Plus de 600 partenaires en un an et demi : dire qu’Upway est une entreprise pressée serait presque un euphémisme. Pour en arriver là, la jeune pousse a pu compter sur le bouche-à-oreille et un réseau bien maillé. « On a commencé à parler aux boutiques et à comprendre leurs besoins il y a un an et trois mois. Le truc, c’est que les boutiques font beaucoup de recommandations entre elles, ça peut aller très vite ».
La deuxième source d’approvisionnement est le particulier. « Vous pouvez directement vendre votre vélo électrique sur Upway. Nous faisons une proposition de rachat à partir de photos et d’informations sur l’état du cycle et des composants ». Au client ensuite d’organiser la collecte, le créneau horaire et la mise en carton – que Upway peut fournir si vous le souhaitez.
Entre 1000 et 1500 euros en moyenne, pour le client
Une fois le vélo reçu à l’entrepôt, un technicien inspecte le vélo dans l’atelier. Si le produit correspond au niveau d’usure préétablie, un paiement via virement bancaire est effectué. « En moyenne, le client récupère entre 1000 et 1500 euros. Surtout, dans moins de 1 % des cas, l’inspection en atelier soulève un problème ».
La troisième source d’approvisionnement repose sur de l’achat groupé auprès de professionnels. « Il s’agit ici de propriétaires de flottes ou d’entreprises de leasing, qui vont récupérer une flotte auprès d’un gros client. Ils ont alors besoin de recouvrer une valeur résiduelle », précise Toussaint Wattinne.
Une fois le vélo reconditionné, Upway le revend exclusivement sur son site Internet. La livraison se fait ensuite à domicile, en 3 ou 4 jours. « Notre idée, c’est de réintroduire de la confiance. Il y avait un gros manque de confiance dans les vélos électriques d’occasion », nous avoue Toussaint.
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Afin de rassurer le client justement, Upway a mis en place une garantie d’un an sur les pièces structurelles, à savoir le moteur, la batterie, le cadre et l’électronique. Quant aux pièces les plus reconditionnées, Toussaint Wattinne cite les pièces d’usure : patin de frein, cassette, chaîne voire plateau et pédalier, pneus ou encore pédales.
Des partenaires fiables
« Cela dépend aussi des vélos : pour certains, il faut tout remplacer, comme un vélo qui a été utilisé pour de la livraison. Dans ce cas, on peut ne garder que le cadre. Ensuite, c’est très variable : cela peut aller jusqu’à l’intégralité de la transmission, mais aussi les roues, le moyeu ou les jantes », résume Toussaint.
De leur côté, les moteurs jouissent d’une très bonne fiabilité. « On travaille qu’avec des entreprises fiables ». Conséquences : la plupart des vélos électriques disponibles sur Upway sont équipés par des fournisseurs connus et reconnus pour leur savoir-faire, comme Bosch, Shimano ou encore Bafang. « S’il y a une réparation, elle est toute petite ».
Parfois rendus en très mauvais état, certains vélos électriques nécessitent tout bonnement un changement de pièce. Pour Upway, l’enjeu est donc d’acheter ladite pièce neuve et la réintégrer dans le vélo. « La plupart du temps, nous passons par des grossistes, on en a une dizaine en Europe », détaille Toussaint Wattinne.
« Nous avons aussi d’autres sources, directement chez le fabricant ou la marque en l’occurrence. Avec Bafang, nous passons directement par eux. Certaines pièces sont spécifiques à des marques de vélo, nous pouvons donc avoir un accès direct », poursuit notre interlocuteur du jour.
Upway met le curseur encore plus loin, puisque certains de ses mécaniciens sont directement formés par les marques afin d’être en mesure de reconditionner le vélo avec les bonnes connaissances requises.
Quid de la pénurie de composants ?
Forcément, l’accès à certaines pièces de rechange a été chamboulé par la fameuse pénurie de composants observée ces dernières années. Heureusement pour Upway, « c’était la fin de la période de haute tension sur la chaîne d’approvisionnement lorsque l’on a commencé », raconte Toussaint.
« Nous avons donc fait du stock plus que nécessaire pour ne pas être en manque. À mesure que l’on a grandi, la chaîne s’est détendue. Même si nous gardons du stock sur des pièces d’usures traditionnelles », avoue-t-il.
Le reconditionnement n’est qu’une étape dans la vie de nos appareils. La marche suivante n’est autre que le recyclage, qu’Upway n’a pas encore dans le viseur – du moins en interne. La marque souhaite d’abord se développer sur d’autres marchés, et ne pas se brûler les ailes trop rapidement.
« En somme, on utilise déjà pas mal de pièces d’un composant cassé. Et pour ce qui doit être recyclé, nous passons par des prestataires externes, comme Véolia pour les pièces mécaniques, si un disque abîmé ne peut pas être réutilisé par exemple ». Pour chaque pays, Upway dispose d’un partenaire tiers local.
Accumuler de l’expérience
Son expansion chez nos voisins européens lui a par ailleurs permis d’apprendre de ses erreurs et d’optimiser ses activités. « On a eu une grosse courbe d’apprentissage opérationnelle, pour gérer les entrepôts, l’organisation logistique, les partenaires, le mesure de la performance, avec de meilleurs choix pour le futur », expose Toussaint Wattinne.
Et de poursuivre : « À chaque fois que l’on grandit et que l’on ouvre un nouvel entrepôt, nous partons avec des bases technologiques plus efficaces, et une meilleure précision dans les opérations », nous explique-t-il. Cette ouverture à l’Europe leur permet même d’acheter un vélo dans un pays, et de le rendre disponible dans un autre.
Forcément, la question écologique de ce petit manège se pose : le transport d’un cycle électrique acheté en Allemagne vers un client français génère une certaine empreinte carbone. Un constat qui pourrait paraître un poil paradoxal, pour une entreprise spécialisée dans le reconditionné cherchant à donner une seconde vie à des produits.
À cette problématique, Toussaint Wattinne a une vision plus pragmatique et optimiste des choses. « Sur un cycle de vie d’un vélo électrique, 75 % de l’empreinte carbone est issue de la production et du transport des pièces de l’Asie vers l’Europe », affirme-t-il.
Jouer la carte du local
« Notre opération logistique vient certes ajouter de l’empreinte carbone, mais nous utilisons des réseaux déjà existants. Disons qu’on ajoute du volume à ces réseaux, en profitant d’un camion qui récupère le vélo et dépose d’autres colis sur sa route. Nous gagnons en efficacité, et nous nous intégrons dans une chaîne logistique », détaille l’entrepreneur.
Surtout, Toussaint Wattinne et ses équipes disposent d’ores et déjà d’une vision d’avenir intéressante pour réduire le plus possible l’empreinte carbone de l’entreprise. « Plus tard, nous aurons besoin de plus d’entrepôts : nous allons lancer des sites locaux, pour justement réduire la distance des transporteurs », imagine-t-il.
« L’idée, c’est de quadriller la demande. À l’achat, le vélo va faire moins de distance, à la vente aussi. Cela a aussi un impact sur les frais de livraison pour le client. Au fond, on est bien conscient que ça a un impact sur l’environnement, mais cela reste bien inférieur à l’alternative d’acheter un vélo électrique neuf », pense fermement Toussaint Wattinne.
Quelle catégorie de vélos électriques est la plus vendue chez Upway ? Sans hésiter, Toussaint Wattinne nous répond : « Les VTC et le trekking, qui correspondent à un bon tiers des ventes, car ce sont les plus polyvalents. Ils servent à la fois pour le vélotaf, les balades en week-end, un peu de montagne, le tout en soutenant du poids et des porte-bagages ». L’art de la polyvalence.
Le cargo électrique, un vélo très demandé
« Ensuite viennent les vélos électriques de ville, moins robustes et avec des pneus plus fins. Puis les VTT électriques, surtout vendus dans le sud de la France ». Frandroid se devait aussi d’aborder le sujet des vélos cargo électriques, dont les ventes ont bondi de 96 % entre 2021 et 2022 (de 17 000 à 33 000 unités écoulées).
« Le cargo est vraiment très populaire, ça part très vite », dégaine Toussaint Wattinne. « La catégorie est très demandée. On conseille d’ailleurs d’activer l’alerte lorsque l’un d’entre eux est disponible ». Taillés pour les familles, les longtail jouissent d’un succès considérable, mais sont généralement vendus cher.
Économiser quelques milliers d’euros dessus est forcément une aubaine à ne pas rater. À l’heure d’écrire ces lignes, et à titre d’exemple, un Moustache Lundi 20.5 Dual de 2022 initialement vendu 7899 euros, est disponible sur Upway au prix de 6299 euros. Soit une belle économie de 1600 euros, pour un VAE presque neuf (275 km).
De son côté, le speedbike est un cas à part. « En Europe, la Belgique est de loin le marché où le speedbike est le plus populaire. Car tu as le droit de l’utiliser sur les pistes cyclables, ce qui n’est pas le cas en France. Ce qui limite son usage. Dès que tu allèges les contraintes réglementaires, forcément ça a un impact ».
En France, le speedbike n’est clairement pas un véhicule populaire, de par la législation relativement lourde qui le régit : assurance, plaque d’immatriculation, gants et casques homologués, interdiction de rouler sur les pistes cyclables. En ville, il n’y a que peu d’avantages à l’utiliser.
Consolidation puis expansion
Pour le reste, la demande en vélo électrique est très bien distribuée sur tout le territoire. « Il n’y a pas de surconcentration à Paris », nous rassure Toussaint Wattinne, qui cite les villes secondaires, la banlieue et la campagne comme principales sources d’activités.
S’implanter dans cinq pays en 18 mois fut un gros challenge pour Upway. L’objectif prioritaire est désormais « de faire grandir les opérations, les chaînes d’approvisionnement, la reprise en magasin et les partenariats B2B », se projette Toussaint Wattinne.
« Aux USA, nous en sommes qu’au tout début : le marché est différent, on veut être sûr de bien comprendre les besoins, l’offre qui convient, avec un gros focus sur ce pays », ambitionne l’intéressé. Et de conclure : « Dans les 12 à 24 mois ensuite, nous chercherons à nous positionner sur de nouveaux pays européens pour offrir le même type de service ».
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