Le cyclotourisme et le bikepacking deviennent au fil des années des pratiques de plus en plus populaires. Tant pour découvrir une région et ses richesses culturelles à vélo, que pour s’évader en pleine nature au beau milieu des plaines ou des montagnes.
Voilà déjà quelques années que Thibault et Marine sont adeptes des voyages à vélo. Le couple tient un blog – Black & Wood – dans lequel chacune de leur aventure hérite d’un récit écrit et photographié, pour leur plus grand plaisir de nos mirettes. On ne peut que vous le conseiller, ne serait-ce que pour s’en inspirer.
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Thibault et Marine ont accepté de livrer leur témoignage auprès de Frandroid. Nous les en remercions naturellement, tant pour leur temps accordé que pour les images issues de leur blog, que nous avons été autorisés à utiliser.
D’où vous est venue l’idée de faire du cyclotourisme et des voyages à vélo ?
Marine : On s’est rencontrés il y a 10 ans. On a tout de suite commencé à voyager ensemble pour des petits week-ends. À un moment, mes parents nous ont proposé de faire un morceau de la Loire à vélo avec eux. On était partants, alors on s’est dit : « On teste. » On a loué des vélos sur le bord de la Loire, entre Blois et Saumur.
Thibault : On a refait ce parcours une seconde fois depuis, en intégralité. C’est vraiment le morceau le plus sympa. Ça nous a beaucoup plu. On a trouvé que c’était une vraie aventure, même si ce n’était que pour 3 ou 4 jours. C’était une mini-aventure, hyper conviviale.
Marine : On a senti une déconnexion totale. Passer la journée sur nos vélos nous a donné l’impression d’être partis bien plus longtemps que 4 jours. Le premier jour, on a fait trop de kilomètres, on était épuisés. D’ailleurs, ce premier soir était difficile : c’était le 14 juillet 2015, jour des attentats de Nice. On s’est couchés à 20h, complètement épuisés. Le lendemain, j’ai découvert plein de messages inquiets, car mes grands-parents étaient à Nice. Heureusement, tout allait bien.
Après cette expérience, on a aimé le principe du cyclotourisme. On a acheté des vélos en 2020 pour pouvoir partir plus souvent. Ils devaient arriver juste avant le COVID, mais ils sont arrivés 15 jours après le déconfinement. Depuis, on fait 2, 3, parfois 4 voyages par an.
Comment avez-vous choisi vos vélos ?
Marine : Au début, on voulait un vélo qui ne coûte pas trop cher, mais qui soit fiable et, si possible, fabriqué en France ou en Europe. On ne cherchait pas une pratique sportive.
Thibault : Moi, je voulais faire de la montagne, mais elle n’était pas d’accord, donc on a commencé par du plat. Quand j’étais plus jeune, je partais en vacances avec mes parents dans les Alpes et on grimpait des cols en voiture. Je m’étais dit qu’un jour, je les grimperai à nouveau mais à vélo. On a donc regardé les vélos de route. On a choisi des vélos de la marque allemande VSF, robustes, durables et fiables, mais hyper lourds. Pour les charger, c’était génial, surtout avec les grosses sacoches à l’arrière et notre chien avec nous. On a fait un bout de la Vélomaritime entre Calais et Dieppe, et ensuite la Loire à vélo.
La même année, en Corse, on a fait le tour du Cap. On y est allés mollo, mais ça commençait à grimper. Sur la Loire à vélo, il y a eu des moments où l’on s’est ennuyés, car on connaissait déjà bien la région. Tu longes les fleuves, et c’était un peu redondant.
Puis, quand on a goûté aux petites routes de montagne, c’était vraiment chouette. Après le voyage en Corse, on a regardé pas mal de vidéos de bikepacking, et on a décidé d’acheter des gravel d’occasion par pur principe. J’ai trouvé un gravel Scott, et j’ai mis 6 mois de plus pour trouver le second, un gravel Cannondale. On est très contents de notre choix. Maintenant, on peut aller vraiment partout.
Parlons équipements : quelles sont les configurations de sacoches que vous utilisez ?
Thibault : Quand tu fais du cyclotourisme, tu as les grosses sacoches à l’arrière, où tu mets tout dedans. En bikepacking, tu as plein de petites sacoches pour compartimenter tes affaires. Si tu crèves en cyclotourisme, il faut tout sortir pour chercher le matériel. En gravel, le poids est mieux réparti, et c’est plus facile à manipuler quand tout est bien réparti. Quand tu as de grosses sacoches, c’est galère, alors qu’en bikepacking, c’est moins large et donc plus pratique.
Voyager en train avec son vélo, c’est possible ? Quelles sont les limites ? Avez-vous vu une évolution entre il y a plusieurs années et aujourd’hui ?
Thibault : Nous, on n’a pas de voiture, et on n’en veut pas. On est dans une démarche où l’on prenait beaucoup l’avion avant, mais maintenant, on essaie de faire plus attention, d’être exemplaires. Le train, c’est vraiment pratique. Par exemple, tu arrives dans une ville comme Nevers, tu finis ton parcours à vélo jusqu’à Saint-Brevin, et tu repars directement chez toi en train. C’est super pratique.
Le voyage à vélo en train, c’est un vaste sujet. Il y a eu des améliorations d’un côté. En TGV, c’est génial quand tu peux réserver un billet pour ton vélo. En gros, il n’y a que sur les TGV Atlantique que tu peux réserver une place pour ton vélo sans avoir à le démonter. Si on a la possibilité de ne pas démonter le vélo, c’est mieux.
Il y a 4 places pour vélos dans les TGV Atlantique, donc il faut réserver rapidement. En TER, il n’y a pas trop de problème, mais c’est de moins en moins vrai. Le tourisme à vélo se développe forcément. Cette année, on a constaté que c’était la folie : dans un TER entre Lyon et Bourges, il y avait plein de gens de Lyon qui allaient faire la Loire à vélo. Il y avait 6 places pour vélos dans le TER, et je pense qu’il y avait 30 vélos en tout. Apparemment, c’est toujours comme ça.
Certaines régions commencent à mettre en place des réservations pour les vélos, ça a commencé en Bretagne et dans le Centre-Val de Loire aussi. C’est un peu au bon vouloir des régions. C’est un peu la bagarre pour une place dans le TER. C’est lent, mais au moins, tu ne paies pas. En général, ça se passe bien. Par contre, si tu voyages le week-end ou pendant les vacances scolaires, c’est de plus en plus compliqué. Je ne sais pas s’il y a vraiment des solutions à ça.
Mais globalement, c’est quand même sympa. Par exemple, dans un TER entre Lyon et Tours, on a vu des familles avec un gros berger allemand, c’était trop mignon. À part l’été, on n’a jamais trop de soucis. Il y a des moments où on a dû faire preuve de patience, comme quand on est allés en Suisse : le TGV n’embarque pas les vélos, donc on a dû prendre le TER jusqu’à Pontarlier et voyager toute la journée avec 2 ou 3 correspondances. Il fallait prévoir 2 jours de plus par rapport au temps de trajet en TGV.
On a même voyagé en train de nuit, on avait réservé en première classe, on a mis les vélos au milieu et on a dormi sur les lits.
Marine : Il y a des emplacements pour vélos dans les trains de nuit, mais si tu es en première classe, il n’y a pas d’emplacement vélo. Si j’ai bien compris, le nouveau TGV qui doit être mis en service mi-2025 sur la ligne Paris-Marseille pourrait avoir des emplacements pour vélos. Pour aller dans le sud-est, il faut prendre le TER.
Thibault : On aime bien passer un temps fou à chercher les emplacements pour vélos. Ça demande de l’organisation. Si je te dis que dans les TGV on peut réserver des vélos, dans la pratique, ce n’est possible que dans la moitié des cas.
Marine : Dans le TGV, souvent, les gens posent leurs valises sur les emplacements vélo. C’est toujours une petite aventure de voyager en train avec son vélo.
Pour l’hébergement, qu’avez-vous privilégié ?
Thibault : Après un voyage en train, on sait que c’est difficile de rouler beaucoup de kilomètres le premier jour. On essaye donc de trouver un endroit pour dormir près de la gare. On a tout fait : la Loire à vélo exclusivement en camping, le Luberon en mai avec seulement du camping, mais aussi une chambre d’hôtes, et dans le Verdon, on a fait du Airbnb, car il faisait froid la nuit. Ça dépend vraiment du voyage.
Marine : Dormir en tente, c’est plus fatiguant. C’est plus lourd à transporter, il faut faire la cuisine, et c’est épuisant après une journée de vélo.
Thibault : On alterne : un voyage sur deux, on fait plus roots. Quand on n’est pas en camping, on a beaucoup moins de bagages, c’est plus léger et on met moins de temps pour partir.
Marine : Mais en camping, c’est plus flexible. Quand on a un logement en dur, il faut réserver à l’avance, alors qu’en camping, on peut y aller comme ça. On a même fait du bivouac en Suisse, près d’un énorme glacier où il n’y avait pas de camping, et le lendemain, on a pris un hôtel.
Thibault : Avec nos parents, on allait souvent en camping pendant les vacances, donc on connaît bien. Souvent, les gens qui veulent faire du bivouac ont une image de beauf du camping, alors qu’en fait, il y a des campings tout mignons. On conseille de commencer par le camping si c’est la première fois, plutôt que de dormir directement dans la nature.
Comment préparez-vous vos voyages, notamment le tracé ?
Marine : Au début, on suivait les Eurovélos et les panneaux, mais on s’en est lassés. Ce qu’on n’aime pas trop avec les Eurovélos, c’est qu’ils te font souvent longer des canaux ou des fleuves sur des pistes dédiées et sécurisées, ce qui est top pour les enfants, mais il n’y a jamais de détour par les petits villages isolés, alors que nous, on aime bien ces villages pleins de vie où l’on peut s’arrêter pour boire un coup.
Thibault : Puis on a découvert Komoot, et ça a été une révélation. On y passe un temps fou. C’est tellement pratique. Il y a des points d’intérêt indiqués par la communauté, avec des photos et des explications. Maintenant, on ne se base plus trop sur les Eurovélos. On repère une région qui nous intéresse, on repère des points, on se renseigne sur des blogs, puis on fait notre tracé. Komoot te conseille des chemins qui évitent les grandes routes, mais ce n’est pas forcément clé en main, il faut un peu de temps. C’est un outil génial, et ils l’améliorent constamment.
Utilisez-vous d’autres applications ou équipements pour vos voyages ?
Thibault : On synchronise nos tracés sur Strava, pour la démarche sportive. Lors de notre premier voyage, on avait Komoot sur le téléphone, mais on s’est rendu compte que ça consommait la batterie à une vitesse hallucinante. On a regardé les GPS vélo, et on en a acheté un seul. Du coup, c’est moi qui suis tout le temps devant, car notre chien n’aime pas être derrière. On a un GPS Wahoo, première version, et j’en suis hyper content. Il est très économe en batterie, synchronise bien les trajets, affiche le dénivelé, la température… C’est vraiment utile, même pour des trajets simples.
Quels sont les équipements indispensables à avoir avec soi ?
Marine : Un multitool avec des clés Allen pour revisser, éventuellement démonter la roue, un kit anti-crevaison, des démonte-pneus, et une bonne mini-pompe. On utilise une pompe Lezyne, qu’on a achetée d’occasion sur Vinted. C’est une petite pompe, mais de bonne qualité.
Thibault : Il y en a qui utilisent des pompes CO2, avec une réserve, mais c’est jetable. Il faut aussi savoir réparer une chambre à air, savoir démonter un pneu, et savoir remettre tout ça en place sans s’énerver. C’est bien de savoir le faire, car ça n’arrive jamais au bon moment. Si tu es à deux, c’est encore mieux.
Marine : Des lampes sont indispensables, surtout pour la sécurité. On a tendance à mettre des lampes arrière dès qu’il y a de la circulation. Elles émettent une lumière très forte pour être visibles de jour. Les voitures nous voient et s’écartent parfois un peu plus. On utilise aussi des lampes avant pour les petites routes sombres en forêt.
Thibault : Un gadget que je recommande, c’est la lampe arrière Garmin Varia. Elle détecte les voitures, te prévient sur ton GPS, et adapte la puissance du feu. Je n’ai jamais vu une lumière aussi puissante.
Comment gérez-vous l’équipement, notamment en termes de budget ?
Marine : On est dans une démarche où l’on achète tout d’occasion. Que ce soit pour le vélo ou même pour des choses de la vie courante, comme la poubelle de notre nouvel appart, notre électroménager, nos meubles ou bien la décoration. Pour le vélo, on était beaucoup sur Troc Vélo il y a 3 ou 4 ans, mais depuis qu’ils ont refait leur site, l’expérience utilisateur est moins bonne, donc on y va moins. Maintenant, on utilise surtout Le Bon Coin et Vinted.
Thibault : Pour les vélos neufs, par rapport à avant le COVID, les marques ont gardé les mêmes gammes tarifaires, mais en baissant la qualité des composants. Acheter d’occasion est donc avantageux : pour le même prix, tu as des composants de meilleure gamme sur un vélo qui a un peu roulé.
Quels conseils donneriez-vous à des débutants ?
Marine : Si tu as un vélo, essaye de partir avec, plutôt que d’investir directement. Loue un vélo si nécessaire. Il faut voir si ça te plaît. Même si tu n’es pas très sportif, être dehors, se vider la tête, même pour 2 jours, ça peut vraiment plaire.
Thibault : Essaye de partir avec des gens qui ont déjà de l’expérience, et commence par des véloroutes sympas, sans trop de prise de tête sur le trajet. Ne cherche pas à faire trop de kilomètres dès le début, surtout si tu n’es pas très sportif. Tu peux facilement faire 50 km sur du plat, mais il faut y aller progressivement pour ne pas se dégoûter. Le vélo, c’est cool parce que tu peux prendre ton temps, t’arrêter dans un petit bistro, visiter un château… Prendre son temps, c’est ça qui est agréable en vélo.
Quel est votre plus beau souvenir ?
Thibault : Notre meilleur souvenir, c’est en Suisse, un vrai souvenir d’aventure. Au début, ce n’était pas le meilleur, car il faisait un temps horrible. On est partis il y a 2 ans, dans la région de Furka, en Suisse. C’est un endroit où il y a trois cols magnifiques et très hauts. Un soir, on devait bivouaquer en haut d’un col. La veille, on avait dormi dans un camping basique mais correct, mais on avait eu un peu froid, car c’était la fin août.
Ce jour-là, on a grimpé le col de la Furka, un col assez mythique. En redescendant, il faisait vraiment très froid, on a gelé durant la descente. Ensuite, on devait remonter de 400 mètres pour bivouaquer. Il devait être environ 18 heures, il y avait un brouillard tellement épais qu’on ne voyait pas à un mètre, du vent, et le terrain était très caillouteux. On ne voyait rien, c’était la tempête, presque l’apocalypse. On essayait de trouver un endroit pour s’abriter, on était gelés, et notre chien aussi.
Puis, on a aperçu une auberge avec les lumières allumées et un espace à côté avec des douches chaudes. Je suis entré, et même si je ne parle pas bien allemand, juste quelques bases, on a réussi à se comprendre. Ils avaient de la place, et bien que ça coûtait plus de 100 euros, ce qui pour la Suisse n’est pas énorme, on a décidé d’y rester. La chambre était pourrie, avec un trou dans le matelas, mais on a pu dormir au chaud, avec le chien accepté. On a passé une super soirée, on a bien mangé et bu une bière.
On devait dormir dehors, et finalement, on s’est retrouvés dans un endroit où on ne devait pas être. Ce lieu n’existait pas pour nous, mais c’était hyper chaleureux.
Comment est la « cohabitation » avec les autres cyclotouristes ?
Thibault : Ça dépend. Souvent dans les campings, tu es un peu côte à côte, et il y a des zones réservées aux cyclotouristes. Tu partages un peu, et parfois tu fais des rencontres sympas. Sur la Loire à vélo, il y a plein de cyclistes. Sur d’autres tracés, il y en a moins. L’été dernier, on a dormi trois nuits au camping des Trois Cols, où il n’y avait que des cyclistes.
C’est le gros avantage du camping, tu es flexible et tu ne prends pas beaucoup de place. Parfois, le contact est plus facile. En général, les gens ont tendance à venir nous parler, surtout dans les petits villages. Même s’il y a plus de cyclotouristes, on sort des sentiers battus, et on nous parle tout le temps. Il y a plus d’interactions, c’est un trip, une aventure, et il y en a qui trouvent ça cool.
Marine : Quand tu es dehors, tu es plus ouvert, tout est fait pour. Ça prête plus à se sociabiliser.
Rendez-vous un mercredi sur deux sur Twitch, de 17h à 19h, pour suivre en direct l’émission SURVOLTÉS produite par Frandroid. Voiture électrique, vélo électrique, avis d’expert, jeux ou bien témoignages, il y en a pour tous les goûts !
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