Joe Biden, le président des États-Unis, a signé cette semaine l’Inflation Reduction Act. Celui-ci vise à réduire l’inflation, tout en promouvant l’utilisation d’énergies plus propres. C’est pour cette raison que le bonus écologique de 7 500 dollars destiné aux voitures électriques a été profondément modifié. Certains constructeurs sont gagnants, mais d’autres sont totalement perdants.
Une limite supprimée, deux autres ajoutées
La première bonne nouvelle, c’est la suppression pure et simple (à partir du 1er janvier 2023) de la limite de 200 000 véhicules vendus par constructeur, après laquelle il était impossible de prétendre au bonus. On peut dire que Tesla est ravi de ce changement, puisque le constructeur a dépassé la limite dès 2019. C’est également le cas pour General Motors (GMC, Chevrolet et Cadillac) dont les clients n’ont plus le droit au bonus. Le bonus, sous forme de crédit d’impôts, mais qui pourra désormais être déduit du prix de la voiture en concession, est parti pour durer 10 années supplémentaires.
En revanche, le nouveau bonus américain intègre dorénavant plusieurs conditions. La première est liée aux revenus du demandeur (150 000 dollars par an pour une personne seule), mais aussi au prix du véhicule (maximum 55 000 dollars pour une voiture ou 80 000 dollars pour les camions). La seconde, qui va beaucoup faire couler d’encre, est liée au pays de fabrication de la voiture.
Des voitures made in USA sinon rien !
En effet, pour être éligible au bonus, la voiture doit être produite aux États-Unis. Plus exactement, il faut que la voiture soit assemblée sur place. Il est donc possible de faire venir les pièces de l’étranger et de réaliser l’assemblage final aux États-Unis. Mais à partir de 2023, tout va se compliquer encore plus, puisqu’il va falloir que la batterie et les minéraux « critiques » (aluminium, graphite, lithium, nickel, etc.) soient sourcés localement, que ce soit via l’extraction ou le recyclage. Ils pourront provenir de l’étranger, sauf de pays « préoccupants ». On imagine alors que la Chine et la Russie seront exclues tandis que de nombreuses matières premières proviennent de l’empire du Milieu.
Une liste des voitures éligibles a été publiée par le gouvernement américain. Les constructeurs européens sont bien peu représentés, avec par exemple, pour Audi, uniquement la Q5 hybride rechargeable et non pas les Q4 e-tron, e-tron et e-tron GT. L’Alliance américaine pour l’innovation automobile estime que 70 % des 72 voitures électriques vendues aux États-Unis deviennent inéligibles au bonus avec la nouvelle réglementation comme le relai Automotive News Europe. Un coup dur pour les constructeurs et les consommateurs.
Un protectionnisme assumé, mais graduel
Dans le détail, si en 2023, 60 % des composants de la batterie doivent provenir des États-Unis ou d’un pays autorisé par le trésor américain, ce chiffre grimpera progressivement, jusqu’à atteindre 100 % pour les voitures produites en 2028. Avec ce mécanisme, Joe Biden espère mettre la pression aux industriels américains, afin qu’ils trouvent de nouvelles voies pour se fournir en lithium, cobalt et aluminium. Une stratégie qui agace en Europe et qui voit là une mesure discriminatoire.
Avec l’obligation de voitures assemblées aux États-Unis pour profiter du bonus, les constructeurs étrangers, et notamment les grands noms européens et chinois, vont devoir construire des usines américaines. Et c’est déjà ce qui est prévu avec notamment la production de la Volkswagen ID.4 qui a démarré dans le Tenessee ou encore Hyundai qui a annoncé 10 milliards de dollars d’investissement pour produire en Alabama et en Georgie. Si pour le moment, la majorité des batteries et des métaux sont fabriqués en Chine, la tendance est en train de s’inverser, comme le prouvent les nombreuses usines et mines en projet en Europe.
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