En ce moment, le secteur de l’énergie est ultra-tendu. Nous en parlions récemment avec la flambée du prix de l’électricité sur le marché de gros. Un Conseil de défense a même eu lieu vendredi 2 septembre. L’occasion pour la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher de revenir sur les solutions en cas de pénurie de gaz et d’électricité. Mais les propos tenus par Elisabeth Borne, Première ministre, jeudi 1er septembre laissent craindre le pire.
Selon elle, des coupures d’électricité, de gaz et des baisses de tension sont possibles sur le réseau électrique français dans le cas où la consommation excèderait la production et les importations d’énergie. On vous explique comment cela fonctionne.
Les coupures tournantes ou délestage
Dans le cas extrême où la France n’aurait pas assez d’énergie à distribuer à l’ensemble des foyers et des entreprises, alors EDF (ou plus exactement RTE qui gère le réseau électrique) peut recourir à ce que l’on appelle le délestage tournant.
Dans la pratique, il s’agit de couper le courant à certains quartiers, pendant une durée de deux heures maximale. Le mot « tournant » prend ici toute son importance puisqu’en cas de besoin, au bout de ces deux heures, un autre quartier pourra être coupé à son tour.
Mais, attention, ces coupures sont encadrées par un décret qui impose des créneaux horaires à respecter par EDF, RTE et Enedis. Les coupures doivent avoir lieu entre 8h et 13h et de 17h30 à 20h30. Impossible donc, d’être privé de courant en pleine nuit. Précisons aussi que certains sites sensibles ne peuvent pas être coupés : « hôpitaux, défense nationale, sécurité, industries à risques » comme le précise le site Connaissance des Energies via AFP.
La baisse de tension
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Mais, avant d’en arriver là, RTE a d’autres armes dans son arsenal. On peut ainsi citer la baisse de tension. Ainsi, au lieu de délivrer environ 230 volts, RTE pourrait baisser la tension à 220 volts. Dans la pratique, cela signifie que les appareils résistifs (comme les fours, radiateurs, plaques de cuisson, etc.) auront une puissance légèrement inférieure.
Outre l’appel aux gestes éco-citoyens pour baisser la consommation, RTE pourra également faire appel à des coupures de courant de quelques heures ou jours, sur des sites industriels qui se portent volontaires, en échange d’une rémunération.
Les coupures de courant seront-elles prévues ?
C’est lorsque toutes ces options ont été épuisées que la coupure de courant tournante (délestage) pourrait être mise en œuvre.
A priori, celle-ci ne devrait pas arriver subitement, mais serait prévue, puisque l’AFP précise que « les malades à haut risque traités à domicile (sous respirateur artificiel notamment) peuvent se signaler pour bénéficier d’une information particulière et personnelle en cas de coupure de courant électrique ». On imagine alors que cette information doit laisser le temps au malade de trouver une solution alternative.
Quel impact sur les voitures électriques ?
Dans le cas des voitures électriques, il n’y a donc pas trop de soucis à se faire. Même avec une baisse de tension, la charge sera toujours possible, à moins que celle-ci soit trop importante (sous les 207 volts), mais c’est en théorie impossible. RTE n’a pas le droit d’aller sous cette valeur extrême en moyenne sur 10 minutes. Il est toutefois possible que la puissance de charge soit légèrement réduite avec un temps de recharge un brin plus long, selon la méthode utilisée par le chargeur.
Même en cas de coupures, nous avons vu que celles-ci ne dureront pas plus de deux heures et que le courant sera toujours distribué la nuit, permettant aux voitures électriques de se recharger.
Et pour les bornes de recharges publiques ?
On peut néanmoins se poser la question des bornes de recharge publiques. Notamment celles situées sur l’autoroute, à l’image des Superchargeurs Tesla ou du réseau Ionity. Sont-elles considérées comme un site sensible ? On imagine qu’en coulisses, des tractations et des négociations auraient lieu pour éviter que le courant ne soit coupé sur ces sites importants pour la mobilité des Français.
Mais tout ceci n’est qu’hypothétique
Mais devra-t-on en arriver à ces mesures fortes ? Rien n’est moins sûr. Sur 56 réacteurs nucléaires installés en France, 32 réacteurs sont actuellement à l’arrêt pour diverses raisons (pour maintenance ou corrosion). EDF s’est néanmoins engagé à tous les redémarrer « pour cet hiver » indique Agnès Pannier-Runacher à l’AFP.
Encore faut-il que l’électricien français puisse remettre en marche les réacteurs affectés (ou soupçonnés pour certains) par les problèmes de corrosion et que les contrôles des autres réacteurs ne révèlent pas de nouveaux problèmes de corrosion dans les mois à venir.
Un maintien du bouclier tarifaire
La bonne nouvelle du Conseil de défense, c’est l’engagement pris par l’exécutif français d’amortir « une partie de l’augmentation du prix de l’électricité » après la fin du bouclier tarifaire prévu fin janvier 2023. On ne connaît pas encore les détails, mais on imagine que la recharge d’une voiture électrique restera toujours moins cher que le plein d’une voiture essence ou diesel.
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