Ça bouge en ce moment du côté de chez Alpine. Après la présentation du concept-car A290_ β que nous avons pu découvrir sous toutes les coutures, l’actualité autour du constructeur français s’est intensifiée. En effet, nous avons récemment appris que le partenariat technique entre Lotus et Alpine concernant la future A110 électrique était d’ores et déjà terminé et qu’un partenariat avec le géant chinois Geely (Volvo, Polestar, Lotus, Zeekr, etc.) était à l’étude.
Comme l’a confirmé la marque britannique dans un communiqué, après « plus de deux ans de travail sur la vision d’une future voiture de sport à moteur électrique, Lotus et Alpine ont décidé de ne pas poursuivre le développement conjoint d’une voiture de sport ». Lotus a également ajouté qu’il s’agissait « d’une décision mutuelle prise à l’amiable. »
Alpine A110 : l’épineux cas de la future A110 électrique
Les raisons invoquées sont assez opaques, mais visiblement, il y avait quelques soucis de timing entre Lotus et Alpine, puisque le cahier des charges et le schéma de développement de la future A110 électrique tardaient à se figer.
D’après nos informations et nos échanges avec plusieurs ingénieurs de la marque, Alpine croirait encore à la possibilité de proposer une A110 de troisième génération pourvue d’un moteur thermique, chose que la structure partagée avec le projet Lotus ne permettrait pas. Même si l’A110 de nouvelle génération, qui ne devrait pas arriver avant 2026, voire 2027, sera avant tout électrique, la marque française espère pouvoir proposer une alternative, pourquoi pas en profitant de la flexibilité que vont offrir les carburants synthétiques en Europe, mais aussi la possibilité d’alimenter un futur moteur avec de l’hydrogène.
Alpine ne se ferme aucune porte, tandis que Lotus, sous le giron de Geely, privilégie uniquement l’électrique et ne voit pas grand intérêt à développer une plateforme multiénergies qui ne servira qu’à Alpine, surtout avec les contraintes techniques que cela peut présenter.
Toujours est-il que le projet A110 de troisième génération devrait mettre plus de temps à arriver. Le développement d’une nouvelle plateforme à partir d’une feuille blanche sera beaucoup trop coûteux, la marque devrait ainsi se trouver un partenaire, et Luca de Meo, le patron du groupe Renault, chercherait actuellement des actionnaires. La solution pourrait paradoxalement venir de Geely (propriétaire de Lotus, Polestar ou encore Volvo…) avec une prise de participation au sein du capital de la firme tricolore.
Dans tous les cas, avec l’arrivée de Philippe Krief, l’ancien directeur technique de Ferrari, aux commandes de l’ingénierie Alpine, l’A110 ne sera certainement pas un coupé au rabais, qu’elle soit en électrique ou en thermique.
Alpine A490 et A590 : deux grands SUV électriques développés avec Lotus ?
Comme vous n’êtes sûrement pas sans le savoir, Alpine a des ambitions internationales. Le constructeur va proposer une gamme complète, avec trois « grands » SUV et l’espoir d’aller conquérir des marchés comme la Chine et les États-Unis. Peut-être tenons-nous là la vraie marque française premium prête à s’imposer dans le monde, chose que DS n’est pas parvenu à faire pour le moment malgré ses grandes ambitions.
Si le partenariat avec Lotus a pris du plomb dans l’aile au niveau de l’A110, il y aurait encore des possibilités concernant les futurs SUV. En effet, dans son communiqué, Lotus n’exclut pas d’autres collaborations avec Alpine. « Nous continuerons à discuter d’autres opportunités futures ».
Le travail portera certainement sur des SUV de segment D et E, pour la Chine et les USA justement. Leurs arrivées sont prévues en 2027 et 2028. Sans surprise, ces deux modèles devraient partager de nombreux éléments avec l’Eletre et le futur concurrent du Porsche Macan électrique de chez Lotus.
Alpine A390 : un SUV de segment C prévu en 2025
Avant ça, en 2025, il y aura un SUV de segment D qui ne partagera pas d’éléments avec Lotus. En effet, ce sont les synergies de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi qui permettront à ce modèle de voir le jour. Comme nous l’a indiqué l’un des ingénieurs de la marque, ce SUV reposera sur la plateforme CMF-EV, et reprendra globalement le système e-4ORCE du Nissan Ariya avec deux moteurs électriques, un sur chaque essieu, pour une puissance cumulée supérieure à 400 ch.
Les équipes de la marque vont évidemment travailler sur le comportement dynamique et les liaisons au sol pour rendre leur modèle plus sportif que le SUV japonais. Le futur crossover GT du segment C sera assemblé au sein de l’usine du constructeur à Dieppe dès 2025 et s’appellera A390. Le groupe Renault vient de déposer un dossier auprès de l’INPI à ce sujet.
Le SUV ne sera pas équipé du même pack batterie que le Nissan Ariya en revanche. En effet, il devrait disposer d’une batterie d’une capacité d’environ 90 kWh qui devrait être fabriquée en France, au sein de la gigafactory Verkor qui sortira bientôt de terre du côté de Dunkerque.
Alpine A290 : le renouveau de la marque
Avec trois SUV et une sportive électrique, la gamme va bien s’étoffer. Mais le prochain modèle à venir devrait être le plus important et pourrait permettre à Alpine de viser la rentabilité d’ici 2026.
La marque a donc présenté récemment un concept-car qui reprend les codes du concept R5 électrique de Renault, mais avec un accastillage plus sportif et des éléments spécifiques comme ce poste de conduite avec une position centrale du pilote, chose qui ne sera évidemment pas reprise sur l’Alpine A290 de série, même si le concept est à 85 % la version finale que nous verrons arriver en 2025.
Justement, concernant cette Alpine A290 de série, nous en avons appris un peu plus à son sujet concernant le rassemblement auquel nous avons participé du côté de Dieppe. L’un des ingénieurs nous a confiés que la voiture embarquera le moteur électrique de la Renault Mégane E-Tech de 220 ch. Il sera installé à l’avant, ce qui en fera une traction. Aucune version quatre roues motrices de 280 ch avec un moteur électrique à l’arrière n’est prévue pour le moment d’après nos informations. C’est étonnant puisque cela va à l’encontre des informations obtenues par l’Argus.
Pour aller plus loin
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Notre interlocuteur nous a toutefois précisés que c’était « techniquement possible », mais qu’il n’y aurait pas forcément la place pour implanter un « gros moteur électrique ». Si une version quatre roues motrices de 280 ch venait à voir le jour, ce serait avec un module électrique plus petit qui servirait « d’appoint ». Il n’y a pas la place pour la simple et bonne raison que les ingénieurs ont opté pour un train arrière multibras, que ce soit pour la R5 électrique ou l’A290. Ce système permettra logiquement de bénéficier d’une bonne synthèse entre dynamisme et confort.
Outre le niveau de puissance, les ingénieurs vont surtout jouer sur d’autres tableaux pour rendre leur citadine électrique vraiment sportive. Alpine travaille évidemment sur le poids, qui reste l’essence même de « l’esprit Alpine », tandis qu’il y aura aussi un gros travail au niveau de l’éco-système gravitant autour de l’aspect sportif.
Le showcar apporte d’ailleurs plusieurs éléments de réponse, avec un ABS qui s’ajuste via 11 positions et trois modes de conduite dédiés à la piste proposés : « wet », « dry » et « full ». Des modes qui seront repris sur le modèle de série. L’A290 bénéficiera d’un système de Torque Vectoring, qui permet de gérer indépendamment la vitesse des roues en virage, et d’un mode boost de quelques secondes via la touche OV (overtake), comme chez Porsche notamment.
Concernant la batterie et l’autonomie, Alpine se basera sur le travail de Renault autour de la R5 électrique. L’A290 disposera d’un nouvel accumulateur de 52 kWh avec des cellules NMC (nickel-manganèse-cobalt), de quoi envisager une autonomie d’environ 400 km avec une seule charge, comme sur la R5, sauf que l’A290 disposera d’une gestion du « Battery System Management » différente.
Ce nouveau pack de batteries sera mieux intégré à la plateforme, ce qui permet de gagner de la place, mais aussi de mieux contribuer à la rigidité de la structure et à la réduction des vibrations. L’architecture est simplifiée avec le passage de 12 modules, comme sur la batterie de la Zoé, à quatre grands modules permettant un allègement de 15 kg. Le pack devrait aussi être relativement fin, puisque Renault annonce qu’il n’y aura qu’un seul étage de modules.
Nos confrères de l’Argus ont récemment annoncé une plus petite version de 150 ch, mais les ingénieurs avec qui nous avons échangé n’ont pas confirmé cette hypothèse, Alpine préférant d’abord voir comme ça se passe avec la version de 220 ch, quitte à proposer une plus petite version plus tard pour faire baisser le prix de base. Un prix de base qui devrait débuter autour de 40 000 euros.
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