Recharger rapidement sa voiture électrique sur autoroute : on vérifie les promesses du gouvernement

On démêle le vrai du faux des chiffres officiels

 
C’était une grande promesse du gouvernement, et on vous en avait même parlé : dès la fin du premier trimestre 2023, toutes les aires de service d’autoroute devaient être équipées de bornes de charge rapide. Une enquête de l’Union Française de l’Électricité vient remettre les pendules à l’heure : on n’y est toujours pas, et certaines autoroutes en sont d’ailleurs bien loin. On fait le point.
Un Kia EV9 se recharge sur une borne Ionity

C’était le 20 février 2023 et Clément Beaune, ministre des Transports, était formel : d’ici fin mars, toutes les aires de services des autoroutes en France seront équipées de bornes de charge rapide. Une promesse qui avait l’air d’être tenue, puisqu’une annonce de l’ASFA (Association des Sociétés Françaises d’Autoroutes) de juin dernier nous prouvait que 99 % des aires de services des autoroutes concédées possédaient effectivement une station de charge rapide — on vous en a même parlé.

Patatras, arrive l’Union Française de l’Électricité (UFE) qui nous montre une petite carte limpide : au 1 novembre, non seulement peu d’autoroutes atteignent les 100 % promis, mais plusieurs d’entre elles restent sous les 50 %. Que s’est-il passé ?

Quelques petits arrangements

Lire les petites lignes, c’est toujours important. Ainsi, lorsqu’on se penche sur l’étude de l’ASFA de juin, deux notions essentielles sont à prendre en compte : premièrement, seules les autoroutes concédées (payantes, donc) sont comptabilisées ; deuxièmement, la notion de borne rapide est à prendre avec des pincettes.

Hyundai Ioniq 6 // Source : Clément Choulot pour Frandroid

Pour cette étude, l’ASFA s’est basée sur la définition légale d’une borne de recharge telle que définie par le décret 2017-26. Et le décret 2017-26 est formel : un point de recharge est dit « rapide » dès qu’il dépasse une puissance de 22 kW. Or, l’UFE comptabilise uniquement les bornes à partir de 50 kW, et ce sur l’intégralité des autoroutes, concédées, ou non !

Quelques mauvais élèves, mais un bon ensemble

Ne dramatisons pas outre-mesure : dans l’ensemble, les autoroutes françaises s’en sortent bien. Seules quelques-unes d’entre elles sont à la traîne, comme l’A28 reliant Abbeville à Tours et qui ne compte qu’une seule aire équipée de bornes de charge le long de ses 405 km ! Plusieurs, à l’inverse, peuvent arriver au score magique de 100 %, comme l’A6 ou l’A64. La carte interactive de l’UFE est disponible en cliquant ici.

La carte UFE au 1 novembre 2023

Un autre indicateur est d’ailleurs mis en valeur sur le document : sur 346 aires de service couvertes en France en bornes rapides, seulement neuf d’entre elles ont une puissance inférieure à 150 kW. Dit autrement, l’immense majorité dépasse les 150 kW, et certaines atteignent même les 350 kW. De quoi promettre, dans l’immense majorité des cas, des recharges d’environ 30 minutes (voire même 18 minutes pour les plus rapides) pour faire le plein.

Un 100 % généralisé d’ici à la fin de l’année ?

D’autres signaux encourageants sont d’ailleurs visibles : par exemple, le nombre de bornes sur autoroute est passé de 1 840 au 1 janvier 2023 à 3 511 onze mois plus tard, soit une augmentation de 48 %. Notons également que, si la France dispose de 369 aires de service au total sur les autoroutes concédées, seules 17 d’entre elles ne sont pas encore équipées. Un retard facilement rattrapable, donc ; est-ce qu’on ne pourrait pas demander ça en cadeau de Noël ?


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