À l’usage, une voiture électrique pollue moins qu’une voiture thermique : voilà une affirmation que bien peu s’aventureraient à contredire. Une idée reçue semble cependant bien plus ancrée : conserver sa voiture thermique serait bien plus écolo qu’acheter une voiture électrique neuve, notamment à cause de la pollution produite par l’extraction et la fabrication des batteries.
Un préjugé manifestement faux si on en croit cette étude de l’ifeu, un institut allemand de recherche sur l’énergie et l’environnement. D’après eux, une voiture électrique pollue bien moins qu’une voiture thermique sur l’ensemble de son cycle de vie (ça, on le savait déjà), et conserver sa voiture thermique ne serait intéressant — d’un point de vue environnemental — que pour une infime partie de la population. Développons.
Une bascule dès 45 000 km
45 000 km, c’est le kilométrage calculé par l’institut à partir duquel une voiture électrique devient plus propre qu’une voiture thermique. Un score faible, plus même que celui d’une précédente étude qui estimait le cap à 90 000 km ! L’étude se base sur le mix énergétique actuel de l’Allemagne et de son évolution dans les années à venir, où les énergies renouvelables seront de plus en plus présentes.
De fait, sur son cycle de vie (comprenant la fabrication, 220 000 km de roulage et son recyclage), l’ifeu estime qu’une voiture électrique émettra 45 % d’émissions polluantes en moins qu’un équivalent thermique.
Parlons chiffres : les calculs sont réalisés avec une consommation moyenne de 7 l/100 km pour une voiture thermique ; pour la voiture électrique, on partira sur un modèle doté d’une batterie de 60 kWh et à la consommation moyenne de 21 kWh/100 km. Un chiffre plutôt élevé, les scores de modèles dotés de ce genre de batteries (type Renault Mégane E-Tech ou MG4) s’établissant plutôt vers les 18 kWh/100 km.
Passer à l’électrique sera (presque) tout le temps bénéfique
L’étude ne s’arrête pas à ce constat et va plus loin : est-il plus écologique de changer sa voiture thermique par une voiture électrique ? La réponse est oui… dans 92 % des cas.
L’étude prend trois cas sur un usage de 320 000 km : le premier, c’est une voiture thermique qui roule sur cette distance. Le deuxième, c’est un remplacement de cette voiture par une électrique neuve à 220 000 km. Le remplacement arrive bien plus tôt dans le troisième cas, à 100 000 km.
Dans le premier cas, le propriétaire de la voiture thermique aura produit 90 tonnes de CO2eq depuis la fabrication de sa voiture jusqu’à ses 320 000 km. Si ce propriétaire la remplace par une voiture électrique à 220 000 km, il économisera 5 tonnes de CO2eq (en incluant la fabrication de cette seconde voiture !) à la fin. Quant au remplacement à 100 000 km, c’est carrément une économie de 29 tonnes, soit presque un tiers du score initial.
De fait, l’étude repère un seul cas où conserver sa voiture thermique sera plus intéressant d’un point de vue environnemental qu’un remplacement par une voiture électrique. Il s’agit des voitures parcourant moins de 3 000 km par an (que l’étude appelle « voitures de garage »), ce qui correspond à seulement 8 % du parc automobile allemand.
Bref, une belle entorse à cette idée reçue particulièrement répandue parmi les sceptiques de la voiture électrique.
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