On connaît la somme investie par la Chine pour dominer la voiture électrique

 
230,8 milliards de dollars (216 milliards d’euros). C’est la somme vertigineuse que la Chine aurait injectée dans son industrie de voitures électriques depuis 2009. Un investissement massif qui explique la montée en puissance fulgurante du géant asiatique dans ce secteur stratégique.
MG4 XPower // Source : Frandroid

Comment transformer une industrie entière en moins de 15 ans ? C’est l’exploit réalisé par la Chine dans le domaine de la voiture électrique. Mais à quel prix ? Une étude du CSIS (Center for Strategic and International Studies) lève le voile sur l’ampleur des subventions accordées par Pékin à son industrie automobile. Des chiffres qui donnent le vertige et qui expliquent la montée en puissance fulgurante du géant asiatique dans ce secteur stratégique.

Le chiffre qui fait trembler l’Occident

230,8 milliards de dollars. Ce qui donne, en conversion brute à l’heure où l’on écrit ces lignes, 216 milliards d’euros. C’est la somme colossale que la Chine aurait injectée dans son industrie de voitures électriques entre 2009 et 2023. Un montant qui donne le tournis et qui explique pourquoi les constructeurs chinois peuvent proposer des véhicules à des prix défiant toute concurrence. Mais attention, ce chiffre pourrait bien être sous-estimé. Le CSIS reconnaît lui-même que les subventions locales et régionales n’ont pas toutes été prises en compte.

Source : CSIS | Center for Strategic and International Studies

Comment la Chine a-t-elle dépensé ces milliards ? La plus grosse part du gâteau, soit 117,6 milliards de dollars, a été consacrée à l’exonération de la taxe de vente de 10 %. Viennent ensuite les aides directes aux acheteurs (désormais supprimées au niveau national), le soutien à la R&D, les achats gouvernementaux et les subventions aux infrastructures de recharge. Une approche globale qui a permis de stimuler à la fois l’offre et la demande.

Xpeng G9 // Source : Frandroid

L’impact de ces aides est spectaculaire. En 2023, chaque voiture électrique produite en Chine bénéficiait en moyenne d’une subvention de 4 588 dollars. Un chiffre en baisse par rapport au pic de 13 860 dollars atteint en 2018, mais qui reste conséquent. Résultat ? La Chine dispose aujourd’hui d’une capacité de production largement supérieure à ses besoins intérieurs, ce qui rend la concurrence internationale quasi impossible.

La surcapacité, nouveau défi chinois

Le succès de cette politique industrielle a un revers : la Chine se retrouve aujourd’hui avec une surcapacité de production impressionnante. Avec environ 200 constructeurs de voitures électriques sur son sol, le pays fait face à une guerre des prix féroce. Plus inquiétant encore, sa capacité de production de batteries dépasse largement la demande mondiale. Une situation qui pourrait mener à une bulle économique dangereuse.

BYD Seagull // Source : BYD

Malgré ces chiffres impressionnants, le CSIS souligne un point crucial : seule une poignée d’entreprises chinoises du secteur sont réellement rentables. Les subventions restent donc un élément clé pour maintenir cette industrie à flot. Une situation qui pose question sur la viabilité à long terme de ce modèle économique.

L’Europe en état d’alerte

Face à cette offensive chinoise, l’Union européenne ne reste pas les bras croisés. La Commission envisage d’augmenter les droits de douane jusqu’à 38,1 % sur les voitures électriques chinoises. En France, l’introduction du « score environnemental » vise à limiter l’accès au bonus écologique pour les véhicules produits de manière peu durable.

Pour aller plus loin
Coup de tonnerre pour le prix de certaines voitures électriques avec cette décision forte de l’Europe

Une manœuvre qui devrait être très rapide, puisque cette hausse devrait s’appliquer dès juillet. Cela s’appliquera donc aux voitures électriques chinoises (comme MG ou BYD), mais également aux voitures produites en Chine. Le Volvo EX30, la Mini Cooper, la Tesla Model 3 ou encore la Dacia Spring sont donc concernés par cette hausse.

Le CSIS émet un doute surprenant : et si cette politique de subventions massives n’était pas le fruit d’un plan machiavélique pour dominer le marché mondial, mais plutôt le résultat d’une « politique industrielle inefficace » ? Une hypothèse qui va à l’encontre de la perception occidentale, mais qui soulève des questions intéressantes sur la durabilité du modèle chinois.


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