Orange : réparations promises pour son réseau ADSL/VDSL, qui restera « au moins 20 ans »

 
Orange a récemment été épinglé pour la dégradation de qualité de son réseau cuivre. Stéphane Richard, PDG de l’entreprise, promet de rentrer dans les rangs dès 2019.

L’opérateur historique Orange a beau être dans une position de force aussi bien sur le déploiement de la fibre que le réseau 4G, il n’en est pas pour autant parfait. Récemment, l’Arcep a épinglé l’opérateur pour son réseau cuivre, qui se dégrade mois après mois sans qu’aucune opération d’envergure n’ait été effectué pour le réparer.

Une situation d’autant plus déplorable que les concurrents d’Orange dépendent également de ce réseau, qu’ils louent à l’ancien France Télécom. Dans cette situation, Les Echos a interrogé le PDG Stéphane Richard pour recueillir son engagement à résoudre ce problème.

Un plan exceptionnel pour 2019

Premièrement, l’homme d’affaires se veut rassurant en indiquant qu’Orange n’a pas abandonné son réseau. Il transmet la faute aux « événements météorologiques à répétition » de ces derniers mois pour la dégradation constatée.

L’opérateur a cependant un plan : « Je présenterai la semaine prochaine un plan exceptionnel au gouvernement. Dès 2019, nous allons recruter 200 techniciens supplémentaires spécialisés sur le réseau cuivre, qui s’ajouteront aux 1 000 spécialistes d’Orange qui interviennent aujourd’hui sur le territoire. Nous doublons également nos forces d’intervention rapide qui sont dépêchées en cas d’incident ».

Le message adressé aux clients est simple : « nous allons revenir dans les clous dès 2019 sur le service universel [ndlr : les réseaux cuivrés] ». Cependant, les instabilités ne sont pas écartées du même temps : « Cela n’empêchera pas les pannes d’arriver, mais leurs résolutions seront beaucoup plus rapides ».

Stéphane Richard promet également de fournir des routeurs 4G fixe en cas de panne à l’avenir, de manière à continuer de fournir un service internet à ses abonnés.

Un problème d’organisation plus que d’investissement

Orange n’a cependant pas prévu d’investir plus que ça sur le réseau. Selon Stéphane Richard, les soucis rencontrés ne sont pas liés à un manque d’investissement : « c’est avant tout une question d’organisation que nous devons adapter à une nouvelle donne : un réseau vieillissant et sur-sollicité ».

Il est vrai que le réseau cuivre, installé depuis les années 70 en France, n’avait pas à sa conception prévu une telle expansion et une telle demande en puissance. Plus que d’investir donc, il s’agira avant tout de faire une veille plus efficace pour Orange :

« Nous mettons en place une dizaine de « Vigie Service universel » en région, qui veilleront à ce que l’engagement de rétablir les lignes du service universel en moins de 48 heures soit respecté dans 85% des cas ».

Sur tout ce point, le message d’Orange semble être moins de réparer et renforcer le réseau… que de se tenir constamment prêt à le réparer à la moindre instabilité. Dans ce cadre, les lignes vétustes semblent être condamnées à le rester mais seraient au moins réparé rapidement. Il n’est pas sûr que ce soit là la demande réelle des clients.

Le réseau cuivré restera pour au moins 20 ans

Ne serait-il pas plus logique d’accélérer l’investissement sur le déploiement de la fibre, plutôt que de porter le cuivre « à bout de bras » comme le note Les Echos ? Pour Stéphane Richard, ce n’est pas la priorité : « A terme, nous allons bien sûr devoir gérer leur migration, mais ce n’est pas pour tout de suite. La fibre n’arrivera pas partout, les deux réseaux vont cohabiter. Nous allons avoir besoin du réseau cuivre pendant au moins vingt ans ».

Le déploiement de la fibre a par ailleurs pris du retard, ce sur quoi Stéphane Richard tient à rappeler : « Orange est un acteur essentiel, qui réalise 70% des déploiements de la fibre optique. On investit 1,5 milliard d’euros en France chaque année pour déployer 2,5 millions de nouvelles prises. […] Nous faisons tout ce qui est humainement possible pour respecter les objectifs du plan Très Haut Débit, qui sont par ailleurs très ambitieux ».

Avant de demander un peu de clémence : « J’ajoute que nous avons pris des engagements opposables et que nous risquons des sanctions en cas de retard. Vous connaissez beaucoup d’entreprises du secteur privé qui acceptent d’être sanctionnées si elles ne respectent pas des engagements qu’elles se sont elles-mêmes fixés ? Il faut que chacun joue le jeu, et que la mobilisation public-privé fonctionne à plein. Nous taper sur les doigts ne va pas faire accélérer les choses ».

Il faut dire qu’Orange est un acteur particulier sur le marché des télécoms. Ancienne entreprise publique, elle est depuis une dizaine d’année un acteur privé ayant pour actionnaire l’État français. Sa position historique tout comme ce lien particulier sont souvent pointés du doigt par ses concurrents pour dénoncer une domination sur le marché liée à un statut différent des autres acteurs. De quoi peut-être expliquer pourquoi ces pressions sont également plus fortes sur l’opérateur.


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